Qui surfe sur la vague celte ?        

Ce XXe siècle agité a produit beaucoup de "vagues" : d'émigration, de violence, de contestation... Il en est heureusement de plus pacifiques, comme la nouvelle vague, et nous concernant au plus près, la vague celte. L'expression n'est pas consacrée, mais au vu de l'ampleur du phénomène, on ne peut que s'y référer. Le celtisme dépasse en effet largement les limites des pays celtes, de nos jours, et son influence sur les arts et les divertissements ne cesse de s'accroître. Comme toujours, cependant, dans un mouvement important, il y a du bon, il y a du moins bon.        

Il existe de plus en plus d'associations et de mouvements de reconstitution historique de villages gaulois. Dans le nord de la France, on compte notamment les Ambiani, basés en Picardie.

Le bon, ce sont les nombreux mouvements d'échanges culturels et musicaux qui fleurissent dans la France entière. Ce sont les ouvrages, les études, les recherches qui sont consacrés aux celtes. Ceux-ci n'avaient jamais disparus, mais leur diffusion auprès du grand public atteint certainement des tirages jamais vus. Ce sont également et surtout tous les artistes, musiciens, écrivains, conteurs, dessinateurs, qui ont fait et font encore les beaux jours du mouvement celte. Vous trouverez tout au long de cette partie des exemples de la vitalité et de l'actualité de la culture celtique.

Le mauvais, et il y en a, il faut en parler aussi : tout mouvement culturel, tout engouement suscite toujours chez certains des convoitises de profits faciles, ou encore des vocations et des révélations mystiques douteuses.

 

Le mouvement écologiste en est un exemple : souhaitable dans son principe, il est fait par des gens sincères et convaincus, et il faut reconnaître ses mérites dans l'élévation du débat politique : actuellement, tout parti politique qui ne présente pas un projet écologique cohérent ne peut prétendre à un projet politique global. Mais ce mouvement a été et est encore traversé par des tendances de type sectaire, pronant une utopique "communion totale avec la nature", un "retour à la terre". Ces organisations sectaires font régulièrement la une des journaux, il n'est pas utile de dire pourquoi. Mais ce mouvement est également récupéré par des financiers internationaux avides de transformer en un nouveau "marché" les attentes légitimes de la population. On pense évidemment aux nombreux magasins du genre "nature et découvertes", qui vendent à prix d'or des articles soi-disant bio, y compris des remèdes médicinaux, parfois, en vantant leurs qualités thérapeutiques douteuses.

Le mouvement celte est malheureusement traversé de tendances similaires : les financiers internationaux, qui ne laissent rien au hasard, se sont empressés de lancer à grand renforts de promotion médiatique des musiciens aux qualités artistiques douteuses, et qui ne connaissent probablement rien de la tradition qu'ils entendent représenter. Il ne s'agit pas d'ethnicité : nous n'avons jamais dit que seuls les bretons avaient le droit de "faire du celte". Mais il faut toujours lutter contre ceux qui pensent juste se glisser dans un créneau par opportunisme. Si ce sont des noms qu'il faut, il n'y a rien de scandaleux à les désigner : Manau, c'est de la merde ; Soldat Louis, qu'il retourne chanter dans les casernes ; à bas les "compil" de supermarché qui envahissent de plus en plus les rayons des disquaires. Il y en a d'autres (Ainsi, même le célèbre Dan Ar Braz n'est pas exempt de tout reproche : on a l'impression qu'il prend un peu ses admirateurs pour des crèpes, à toujours resservir les mêmes plats). Mais il faut aussi protester contre les gadgets de toute sorte qui envahissent les boutiques à touristes, les T-shirt vulgaires et les films à pop-corn. Ce n'est pas inutile de dire cela, même si l'on peut penser que c'est du donquichottisme. C'est tout ce qui fait la différence entre un mouvement populaire et un mouvement de masse : un mouvement populaire est fait par le peuple, et pour le peuple ; un mouvement de masse est dirigé par quelques leaders pour leur propre profit.

La supercherie du néo druidisme       

Le rassemblement de Stonehenge attire chaque année pour le solstice d'été plusieurs milliers de néo-druides venus de tous les pays. Ces dernières années, ils ont obtenu l'autorisation de pratiquer sur le site même, et non aux alentours comme auparavant.

Mais il n'y a pas que quelques producteurs avides, qui gangrènent le mouvement celte. Ces dernières années ont vu le retour sur le devant de la scène d'un certain nombre de mouvements néo-druidiques. Si on peut penser que ce sont souvent des gens dont l'engagement est de bonne foi, il faut aussi préciser que certains d'entre eux entretiennent des relations avec une certaine partie de l'extrème droite païenne, ou de l'extrème gauche aussi. D'autres procèdent à la constitution de véritables mouvements sectaires aux attitudes dangereuses. Certains se contentent souvent de défiler en tenue blanche pour aller couper le gui et d'écouter le chant des mehnirs, mais professent cependant les plus parfaites insanités sur la réalité de la culture et de la spiritualité celtique, mélant allègrement les éléments et évenements sans aucun rapport, et en inventant d'autres. Plus grave encore : ils se présentent aussi comme les gardiens de l'histoire elle même, et répandent leurs conceptions aberrantes, qui bien souvent dépassent de loin les élucubrations les plus fumeuses du "professeur" Robert Charroux.

Voici quelques extraits d'un ouvrage écrit par un néo-druide répondant au pseudonyme de "Mage Mercurios", de son vrai nom Phillipe Auguste (La magie des druides, Guy Trédaniel Editeur) :

Les druides, prêtres magiciens du peuple celte, sont les survivants d’anciens pays ou continents aujourd’hui disparus. Leurs premières inspirations religieuses magiques remontent à la fin de la dernière glaciation, soit 8000 ans avant notre ère. Le terme celte « Druide » dérive de « Dru-Wid-Es » signifiant grand savoir et non du Grec « dru » (chêne). 8000 ans de savoir oral, de respect avec la nature, avec les astres, ainsi qu’avec les formes invisibles aux humains, a pu donner à cette religion première notre savoir du XXème siècle […]

Les premiers druides n’étaient autre que les fils ou même les pères venant de pays qui n’existent plus : Atlantide, Hyperborée, Mu, et bien d’autres intergalactiques. La bible parle de maîtres venus d’ailleurs, ainsi que de grandes civilisations : égyptienne, sumérienne, inca, maya, indienne, et indo-européenne. Tous ces peuples portaient les marques de ces hommes venus de nulle part. Lors de la fin de la dernière glaciation, l’effet de serre se faisait ressentir : une couche de brouillard et de crasse recouvrait la stratosphère. Nul rayon solaire ne réchauffait notre planète. Ces hommes mirent au point un procédé pour expulser ces nuages (dieux du vent).

Les descendants de ces hommes étaient les premiers prêtres magiciens sur terre. Les druides jusqu’à la naissance de notre ère, étaient réputés dans le monde entier pour leur magie et leur savoir. Que ce soit Pythagore, Pline, ou Strabon, les grands philosophes de notre planète les prenaient en référence. En Egypte, les architectes des grands temples étaient uniquement des druides gaulois. »

« druide homme médecine
[…] nos ancêtres druides ne disposaient ni de fusée, ni de capsule spatiale, mais de rêves qui les propulsaient dans des périples interplanétaires (navigation de Bran) où ils dépassaient la surfaces des choses. Ces songes étaient des techniques de maîtres de plus de 8000 ans pour les voyages intersidéraux. Bien avant nous, ils vécurent le départ pour d’autres mondes. Mais leur quête était identique : une tentative de dépassement intérieur, une prise de conscience du destin qui fait de l’homme l’égal d’un dieu. »
« la réincarnation
[…] D’entendre des voix, de ressentir des phénomènes qui ne sont plus de ce temps est courant. Je marchais tranquillement dans une rue pavée de Paris quand j’entendis un fiacre derrière moi. Une force me plaqua contre le mur. Rien, pas même une voiture ! Derrière une fenêtre, peut-être on remarqua mon manège et on me prit comme fou […] ».
« Magie
[...] Nul ne peut faire de la magie s'il n'est pas sur son territoire. Il est donc impossible à un Africain de faire de la magie en Europe, ni à un Indien d'Amérique de regarder les forces en pays d'Asie. Les forces se ressemblent mais sont attirées par leurs ancêtres. »

On s'abstiendra de tout commentaire... Quoi qu'il en soit, ces néo-druides sont de plus en plus actifs, et ont tendance à se proclamer les porte-paroles de la culture celtique. On a constaté dans ces extraits quelle connaissance ils en ont. C'est pourquoi il ne faut cesser d'être vigilant, et il ne faut jamais manquer d'envoyer ces hurluberlus paître sur Sirius.

        Heureusement, le mouvement celte est en grande majorité animé par des gens responsables et sérieux, bien que passionnés et dont les oeuvres honorent leur communauté. Les quelques pages qui suivent tenteront de vous en présenter certains, en leur rendant hommage.

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