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    La dévolution survenue en 1998 en Ecosse est le signe d'un retour d'une certaine identité nationale, et la prise de conscience d'une divergence profonde de valeur entre l'Angleterre et l'Ecosse. A l'image de celle ci, toutes les régions celtes ou anciennement celtes ont à un moment ou à un autre eu à lutter pour recouvrer leur indépendance, ou encore une certaine forme de liberté face à une forme décadente de colonialisme ou de mépris de la part des élites du centralisme. Il en est ainsi de l'Irlande, la plus ancienne des colonies de l'Angleterre, qui après huit siècles de colonisation a su lutter avec succès contre une occupation souvent brutale et profondément injuste au plan économique et social.

    Le Pays de Galles, suite à une conquète précoce par les rois anglais au cours du moyen-âge, a su maintenir vivante d'une manière plus paisible sa langue et ses traditions, enracinées par une culture ouvrière militante et résistante à l'uniformisation anglo-saxonne. Aujourd'hui, c'est sans conteste le pays qui pérpétue avec le plus de respect sa tradition poétique, lyrique, et qui a sans doute aussi sauvegardé dans son inconscient une part du vieux solidarisme antique sur lequel reposait l'unité de la tribu. C'est aussi le pays celte dans lequel la langue est la plus vigoureuse, et ou elle garde son statut de langue véhiculaire et littéraire.

    L'Ecosse, de son coté, nous l'avons vu, a récupéré son propre parlement après quasiment trois siècles de "suspension" de celui-ci. Mais elle aussi, comme l'Irlande en son temps, penche de plus en plus vers l'indépendance. Les conditions politiques ne sont plus les mêmes, et si une guerre civile est inenvisageable, il n'est pas inutile de se demander quelles pourraient être les conséquences d'une éventuelle rupture des liens avec Londres.   La Bretagne elle aussi eut à souffrir de la tutelle française. Elle fut sans doute moins violente que la colonisation britannique en Irlande, mais elle ne manqua pas, par sa maladresse et par toutes les erreurs qui purent être commises, de provoquer des traumatismes qui ressurgissent aujourd'hui avec un certain réveil de l'autonomisme. Tous ces pays, ces régions, prennent peu à peu conscience de leur singularité; de cette histoire qui les unit loin dans le passé, mais qui les a aussi séparé maintenant. Nous verrons qu'il est absurde de parler de "Celtie" pour désigner l'ensemble des pays celtes, de même qu'il est absurde de parler de "Latinie" pour désigner les pays latins.

    Mais à coté de ces régions duement répértoriées dans l'annuaire celtique, il en est plusieurs autres qui ont pu par le passé revendiquer leur "celtitude", au moins partielle, ou qui sont en train de le faire. On pense évidemment à la Galice et aux Asturies espagnoles, qui avec Carlos Nunez, souhaitent s'intégrer au "concert" celte. Ce fut aussi le cas de la France et de sa République elle même qui, au court du XIXe siècle notamment, eut très à coeur de ressusciter son passé gaulois pour incarner la nouvelle identité de la nation face à l'ennemi allemand, et face à la noblesse déchue toujours à la recherche de la reconquète du trône.


   

   
  I - L'Irlande et le prix de la liberté(page 1 - page 2)
  II - Le Pays de Galles, vigueur culturelle
  III -Ecosse et Angleterre, un destin commun ?
  IV -Bretagne, l'impossible renaissance ?
  V -La France et la revanche des Gaulois
  VI -Galice et Asturies, vestiges des  celtibères
  VII -"Celtes de tous les pays, unissez vous !"